Sur le chemin des écoliers

 

   Dès que je mis le pied à l’étrier, je sus que l’école ne serait pas ma priorité ! Faut dire que sœur Ficelle, c’est ainsi que je l’appelais,  était rêche et peu avenante et ne m’aida  pas vraiment à m’engager dans cette voie.

 

   Peu enclin à rester sur ma chaise toute la sainte journée, je fis dès le départ l’inventaire des placards à balais, des toiles d’araignées dans les quatre coins de la classe, de la cour et même celui de l’office de la mère supérieure. Mon esprit aventurier, voulant faire le tour de la question, m’amena dans la foulée à expérimenter le test du « torchon mouillé » ce qui instamment me chauffa le fessier et tempéra quelque peu mes ardeurs. L’épreuve du bizutage passée, n’ayant d’autre alternative que de continuer l’aventure, je pris la décision de me la jouer  plus stratégique.

 

   Cette fois bien calée sur mon siège mais la pensée toujours galopante, tel un caméléon accroché à sa branche, je me  fondis dans la couleur locale et l’égo de sœur Ficelle en fut satisfait. Le temps de gestation  promettait d’être long et mieux valait dès à présent ménager sa monture!

 

   De nature positive, je pris le bon côté des choses, ciblant surtout  les récrés. Les notes ne démontant pas encore l’assiduité de mon travail, je pus sans trop de difficultés laisser libre cours à mon imagination, atterrissant   avec subtilité  sur le plancher  des vaches, quand la situation devenait délicate ! Sœur Ficelle à mon grand soulagement n’y vit que du feu!

 

    L’année suivante l’arrivée d’ Olivier, un petit frère tombé miraculeusement du ciel ramena « sœur sourire » à ses premiers amours, ce qui me sortit instamment de toutes mes rêveries! Comme moi il fit à son tour le parcours initiatique complet et face à la foudre de notre sainteté, défendit ses arrières avec vivacité! Le bougre et j’en fus pas peu fière, donna à la Ficelle bien du fil à retordre! Il mordait comme un lion, ruait comme un cheval, chargeait comme un taureau et meuglait comme un veau qu’on mène à l’abattoir!

 

  Olivier me réconcilia un temps soit peu avec l’école, devenue pour moi  tout d’un coup  nettement plus attrayante ! Cette année là, nous furent sans contestation les rois du bac à sable!

 

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