Le temps des couches culottes

 

    Dans  la période «  emmaillotement » saucissonnée comme une andouille sans pouvoir prendre mon pied, j’imagine me connaissant,  que je dressais déjà des plans sur la comète,  histoire de rompre la routine! Une fois libérée de mes langes, dans mes premiers balbutiements, ne me restait plus qu’à rattraper le retard  ayant déjà  en tête une multitude de projets! Bien que je ne garde de cette époque que les images un peu floues  d’un pan de mur de bois, des rubans bleus flottant dans les cheveux  de ma sœur Yéyé, de la barboteuse de mon cousin J.P  et d’un vieux pépé Guilchet se penchant sans doute sur mon berceau, aux  dires de maman ce premier marathon fût un succès: ma courbe de poids était bonne, mon quotient intellectuel  normal, jamais malade toujours contente et mis à part que je suçais mon pouce et risquais d'avoir les dents en avant, tout allait pour le mieux dans le meilleurs du monde. 

 

     En grandissant ma vie de bébé allait bon train et je  savourais avec gourmandise les ballades du dimanche en famille, ravie de retrouver pour l’occasion, mes cousins et cousines, mon oncle Pierrot et ma tante Jeannette, Robert et  Germain les amis de la famille... Dans cette joyeuse cacophonie des couches culottes, sillonnant tantôt les rues du Faouët, les Halles,  les allées de boules, tantôt la rivière de L’Ellé  allant du  grand pont jusqu’à Sainte Barbe, la vie était douce et tranquille.

 

     Chaque équipée était ensuite couronnée d'un goûter fastueux chez nos grands parents paternels. Joliment dressés sur la grande table, nous attendaient les crêpes, le pain sucré et les succulentes  crème à la vanille  dont grand-mère seule avait le secret! Servie dans de magnifiques coupelles  japonaises en porcelaine, dans un silence presque cérémonial où l’on ne percevait plus que le bruit régulier de nos  cuillères, nous n’étions plus que des petits ventres sur pattes dégustant gloutonnement une œuvre d’art. A peine emplis de toute ces béatitudes flottait déjà dans l'air pour le repas du soir, l'odeur des petites pommes de terre dorées frémissant délicatement dans le grand chaudron noir posé sur le fourneau!

 

   Pendant que les grands conversaient autour du café,  grand-père occupait la marmaille, nous faisant tour à tour sauter sur ses genoux. Dans la bonne humeur constante qui était toujours la sienne, il nous racontait inlassablement sans jamais se tarir, l' histoire gravée dans mon souvenir de « Marie trempe ton pain dans la soupe » Comme à son habitude, mémé ronchonnait toute seule dans son coin. L'insouciance de la jeunesse à laquelle se rajoutait nos babillages mettaient sans doute à mal son organisation millimétrée ce qui avaient le don de l'agacer! La table débarrassée, commençait  pour les adultes les incontournables partie de belote et pour nous le début des festivités! En quête de nos premières  croisades, la tribu au complet des " indiana Jones" en couches culottes pouvait enfin se mettre à pied d'œuvre et se lancer avec excitation et fébrilité dans l'exploration de la cave sombre et peu rassurante, de la vieille écurie et du  jardin interdit mais combien attrayant  du voisin d'à côté.

 

    La semaine, je présume devait être plus calme. Papa allait à son travail, yéyé à l’école et moi j’avais maman à moi toute seule! Avec ses cheveux mi longs, légèrement rehaussés d’un peigne de chaque côté, toujours aimante, attentive et à nos petits soins, j’imagine qu’elle me chantait de sa voix douce et mélodieuse, le rêve bleu ou ma petite fille adorée ou peut être les yeux de maman sont des étoiles, airs si chers  à mon enfance et que j’ai  moi même fredonnés ensuite à mes enfants et petits enfants.          

 


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